Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/58

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Loïsa, posant le bouquet sur la table.

Comment ! vous avez pu porter une échelle ?

Hernandez.

Le muscle, c’est l’homme ! Elle était trop courte… Alors j’ai grimpé ; j’ai déchiré mes mains, mon pantalon, ma peau…

Loïsa.

Oh ! je suis désolée.

Hernandez.

Ne vous inquiétez pas… ça repousse… Dieu vous garde ! Seulement, en dégringolant, je me suis appesanti sur le bouquet… J’aurais dû le mettre sur mon cœur… mais il serait brûlé.

Loïsa.

Vraiment, pour un sauvage, on n’est pas plus galant !

Hernandez.

Il s’est opéré en moi une révolution.

Loïsa.

Où ça ?

Hernandez.

À la douane… à Culoz… Jusqu’alors, je vous considérais comme un fragile enfant de l’Occident, comme une plante étiolée et maladive… mais vous êtes descendue de wagon… votre robe s’est accrochée au marchepied, et j’ai vu votre jambe.

Loïsa, ramenant sa robe avec un mouvement de pudeur.

Oh ! monsieur !…

Hernandez.

Ne cachez pas ! j’ai vu ! (Se frappant le front.) C’est là, imprimé !