Page:Laboulaye & Guiffrey - La propriété littéraire au XVIIIe siècle, 1859.djvu/639

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et même des gens de lettres, nous répondrions que ce sont ceux-là même qui ont été les plus funestes à la librairie. Si les premiers dont nous avons parlé en ont été pour ainsi dire l’opprobre, les autres en sont la ruine. Ils font à peu près à ce commerce le même tort que lui feraient des voleurs privilégiés, qui, de leurs vols réunis, composeraient de beaux assortiments de marchandises de toute espèce. Tel est l’abus de ces grandes collections qui envahissent tous les meilleurs livres et mettent à contribution tous les fonds de librairie. Ainsi, dans une bibliothèque de dames, on a fait entrer tout le Théâtre de Racine et celui de Molière. On a fiait la même chose dans la petite Bibliothèque des théâtres.

La collection des Mémoires pour servir à F histoire de France a réduit à peu de chose la valeur des mémoires de Sully, de Retz, etc., pris séparément dans plusieurs magasins. On veut même imprimer jusqu’aux lettres de Sévigné en entier dans un Choix des ouvrages de femmes. Il est difficile de pousser plus loin la licence des contrefaçons, sous une forme qui, pour être plus déguisée, n’est ni moins malhonnête, ni moins ruineuse pour le commerce. Ainsi ces vastes collections qui donnent l’idée de grandes entreprises et qui paraissent prouver l’activité de la librairie, doivent lui porter les plus dangereux coups, et sont une dçs causes les plus sensibles de sa langueur et de sa décadence.

Il ne le remplit point quant aux imprimeurs. Quant à l’imprimerie, si, pour prouver que le nouveau régime ne Ta pas dégradée, on objectait aussi les efforts de quelques imprimeurs pour perfectionner et agrandir leur art, la réponse serait facile. Ces éditions recherchées sont tirées à un trop grand nombre d’exemplaires pour influer sur le commerce en général : elles sont un luxe en librairie, et par conséquent une exception qui ne prouve rien. Elles ne