Page:Laboulaye & Guiffrey - La propriété littéraire au XVIIIe siècle, 1859.djvu/641

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nous porte le règlement I Cette suite de sa disposition rétroactive n’est point une chimère : elle avait été prévue, elle en était une conséquence immédiate.

Aussi depuis cette malheureuse époque nous avons vu des frères en procès avec leurs frères au sujet de partages dans lesquels les uns avaient reçu de l’argent, des contrats, des immeubles réels, les autres des livres, des privilèges, ou des portions de privilèges qui leur sont enlevés par l’arrêt du 30 août 1777. Des contestations se sont élevées entre les libraires et les auteurs, les premiers se.-refusant de payer aux autres les rentes par lesquelles ils avaient acheté une jouissance qu’ils n’ont plus ou qu’ils doivent perdre. Sur les uns il est intervenu des jugements qui n’ont pu qu’être injustes, quelle qu’en ait été la décision. A la vérité, plusieurs de ces procès n’ont pas été suivis : d’autres sont joints au Parlement, au fond de la dénonciation qui avait été faite de ces arrêts. C’est un incendie qui couve à tout instant, il peut se ranimer. Si dans toutes les familles on n’a pas vu éclater ces discussions scandaleuses par leur publicité, on peut dire que le nouveau régime y a répandu le germe de la jalousie^ des animosités, des haines, et, ce qui est pire encore, il a produit la mauvaise foi, l’immoralité. Des frères n’ont pas rougi d’enlever à leurs frères des livres qui leur appartenaient en propre : et s’ils s’en plaignaient, on se contentait de leur offrir celui des livres du voleur (car c’est le mot) qui pouvait les indemniser : comme si dans un échange forcé on pouvait jamais trouver une juste indemnité.

Il est vrai que ces exemples ont été rares. On peut dire, pour l’honneur de la librairie de la capitale, qu’aucun des libraires qui se sont vus dépouillés de leur propriété par une suite de l’arrêt, n’a été tenté d’user de l’indigne moyen de représailles qui lui était offert. L’on ne doit pas même omettre ici, Monseigneur, quelques traits bien propres à caractériser l’esprit qui règne parmi eux.

Un de nos confrères qui s’est distingué par les efforts qu’il