Page:Laboulaye & Guiffrey - La propriété littéraire au XVIIIe siècle, 1859.djvu/642

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a multipliés depuis quelques années pour perfectionner son art, et par les superbes éditions dont il a enrichi la typographie, le sieur Didot, avait cru qu’il était nécessaire à l’exécution de son plan de comprendre dans sa collection plusieurs ouvrages dont le privilège ne lui appartenait pas. Hais il aurait jugé indigne de lui de se les approprier sans indemniser les vrais propriétaires. Aussi a-t-il cru devoir faire insérer celte clause dans le brevet qu’il a obtenu pour imprimer les livres à l’usage de Monseigneur le Dauphin. L’arrêt de 1777 n’aurait pu légitimera ses yeux l’obtention du privilège au préjudice de ceux qui en étaient en possession. Cependant, quand il n’aurait pas eu cette délicatesse, son exemple n’eût pas été d’une dangereuse conséquence pour le commerce. Des éditions de ce prix, toujours tirées à un petit nombre d’exemplaires, n’y peuvent influer que très-légèrement. Le sieur Guchet a donné le même exemple d’honnêteté lorsqu’il a publié la collection des Œuvres de Vabbè Prévôt, du Cabinet des fies, etc. Les libraires déjà propriétaires de plusieurs des ouvrages qu’il s’appropriait ont été indemnisés par fui.

Mais si les sieurs Didot et Guchet ont fait une chose honnête dont l’opinion publique leur sait gré, il ne faut pas espérer que de tels exemples soient constamment suivis, et que la conscience des particuliers soit toujours plus juste que la loi. Nous ne devons sûrement pas nous y attendre de la part des libraires de province : on a demandé , on demandera les privilèges dont le règlement dépouille les propriétaires ; et de leurs fonds de librairie formés à grands frais, quelquefois par plusieurs générations, il ne leur restera plus que des monceaux de papiers inutiles et des procès. Voilà, Monseigneur, l’effet rétroactif de l’arrêt de 1777. Il est effrayant, il est désastreux, et s’il était possible que vous crussiez devoir maintenir l’exécution de cette loi dans ses autres parties, du moins ne laisserez-vous pas subsister cette disposition. Que l’arrêt s’exécute pour l’avenir, il finira par