cun imaginait au gré de sa cupidité, et près duquel le Pérou n’était rien, ce fut alors seulement qu’on pensa à tirer parti des découvertes de Cabot. On ne voulait point coloniser mais chercher de l’or, depuis les glaces du pôle jusque sous le soleil des tropiques ; et ce qu’on nous raconte du vertige qui entraîne en Californie des populations d’émigrants, n’est qu’une faible peinture de la passion qui, au sortir des grandes guerres, poussait les enfants perdus de l’Europe vers ce monde où des trésors inconnus devaient satisfaire leur avarice et leur ambition.
Le premier essai de colonisation sérieuse fut tenté, en 1584, par sir Walter Raleigh, un des plus brillants, des plus hardis, des plus capables parmi les gentilshommes de la cour d’Élisabeth ; presque le rival en faveur du comte d’Essex, dont il poursuivit la ruine, et qui ne lui cédait ni pour les qualités de l’homme de guerre, ni pour les grâces du courtisan. C’est Raleigh, vous le savez, qui jeta son manteau brodé sous les pas de sa souveraine, pour qu’elle ne mît pas le pied dans la boue : aussi chevaleresque dans la paix que dans la guerre, modèle achevé des vertus et des vices de son temps.
Dans la position que Raleigh avait à la cour, la concession de ces terres inconnues était facile à obtenir ; il y avait d’ailleurs une raison toute particulière qui lui créait un véritable droit.