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productions du pays[1], qu’Élisabeth, quoiqu’elle eût décliné l’honneur de contribuer à l’expédition, voulut donner le nom de la province nouvelle. Elle l’appela Virginie, pour immortaliser le règne de la vierge reine sous lequel s’était fait une découverte dont on attendait de merveilleux résultats. Il en fut tout autrement ; trois expéditions successives, faites sous la direction et aux frais de Raleigh, finirent par des désastres ; la famine et les Indiens tuèrent ceux des colons qui ne se sauvèrent point en Angleterre ; et, à la fin du règne d’Élisabeth, en 1603, il n’y avait pas un seul établissement anglais dans l’Amérique du nord ; de toutes ces entreprises rien n’étant resté que des tombeaux.

Sous le règne de Jacques I, la fortune éclipsée de Raleigh ne lui permit point de reprendre des projets si cruellement déçus. Vous savez quelle tragique destinée fut la sienne, plus misérable encore que celle du rival qu’il avait ruiné. Jacques I, l’ami du comte d’Essex, s’en fit le vengeur. Raleigh, dépouillé de ses emplois, fut enveloppé dans une accusation de haute trahison ; et quoique l’attorney général, le célèbre jurisconsulte Coke, ne l’accusât que de non révélation de complot, il fut déclaré coupable de

  1. L’expédition rapportait le tabac, le maïs et la pomme de terre (nommée openawg). Elle n’était pas cultivée. K. André. N.-Amerika, p. 11.