haute trahison par un jury lâche ou corrompu : c’était un arrêt de mort.
La sentence ne fut point exécutée ; on l’enferma dans la Tour où il resta pendant douze ans ; c’est là que son génie, se déployant sous une nouvelle face, il servit de sa plume la colonisation à laquelle il s’était dévoué ; il la servit avec un talent qui justifie l’admiration de Spenser pour celui que dans ses poésies il peignait sous le nom du grand pasteur de l’Océan. Une foule d’écrits militaires, maritimes, géographiques, et surtout son histoire du monde, un des écrits les plus remarquables du siècle, un livre qui faisait les délices de Cromwell et qu’on lit encore aujourd’hui, ne laissèrent point refroidir l’attention publique sur le continent nouveau, sur la nécessité de s’y établir.
Raleigh obtint enfin sa liberté, mais sans recevoir sa grâce. Il partit pour la Guyane, à la poursuite de cet Eldorado qui défiait toutes les espérances. À son retour, n’ayant rien trouvé de ce qu’il cherchait, il suivit l’usage du temps où la piraterie était encore la guerre, et où Drake illustrait son nom en arrêtant les galions de l’Espagne avec laquelle l’Angleterre était en paix ; Raleigh se vengea de sa mauvaise fortune en pillant et en détruisant l’établissement espagnol de Saint-Thomas.
Le roi Jacques, justement irrité d’une conduite qui le compromettait avec l’Espagne, voulut