les vendre en Amérique comme des nègres, et leur condition n’était pas meilleure. Ils étaient à l’entière discrétion du maître et traités rudement comme je le dirai plus bas. En 1672, le prix moyen des engagés était de dix livres pour cinq années de service ; le nègre coûtait de vingt à vingt-cinq livres, mais il servait toute sa vie.
L’abondance de ces serviteurs de race blanche et la baisse de prix du tabac, arrêtèrent à ce point l’importation des esclaves, qu’en 1671, suivant un rapport officiel du gouverneur sir William Berkeley, sur une population totale de quarante mille habitants, le nombre des engagés était de six mille et celui des nègres de deux mille. Il n’y avait eu que deux ou trois cargaisons de nègres en sept ans, tandis que l’importation des blancs se montait en moyenne à quinze cents par année, parmi lesquels, dit Berkeley, il y avait un grand nombre d’Anglais, peu d’Écossais et encore moins d’Irlandais. Mais avec le temps, le travail des nègres fut préféré à celui des blancs ; le noir coûtait moins cher à nourrir et à habiller ; il ne se croyait pas de même race que le maître, et d’ailleurs il lui était bien plus difficile de fuir l’esclavage, et d’échapper au patron.
L’indépendance naturelle des engagés, le droit qu’ils avaient de se plaindre aux magistrats des mauvais traitements de leur maître, étaient autant de causes qui faisaient rechercher les noirs, aux-