comptait en Amérique plus d’un siècle de succès. Heureux pays, qui, en recherchant son passé, n’y trouve que de tels exemples, et qui a acquis, par une longue habitude, le maniement de cet outil puissant, mais dangereux, qui blesse trop souvent la main qui s’en sert pour la première fois, la liberté !
Quant au système colonial anglais, vous voyez que ce qui le caractérise, c’est, dès le début, la libre administration ou du moins le libre contrôle remis aux planteurs. La Virginie, en 1621, était un établissement bien faible, bien misérable, peuplé d’une poignée d’hommes à peine campés sur le sol ; les Indiens étaient tout près, menaçants et dangereux : rien ne nous eût semblé plus naturel que de tout remettre entre les mains de l’État, et de charger un gouverneur de protéger les émigrants, de les conduire et de les faire coloniser sous sa direction ; il est probable que l’entreprise eût échoué.
C’est qu’il en est des sociétés comme des individus ; c’est qu’une même loi régit les hommes, qu’ils agissent isolément ou en corps. Chargez-vous de diriger un homme, de le faire travailler, de le nourrir ; ne l’abandonnez jamais à ses propres forces ; ne lui laissez aucune responsabilité, vous n’en tirerez rien, vous en ferez un fainéant ; la liberté au contraire et la responsabilité lui rendront tout facile, et lui feront