déployer une énergie dont il ne se croyait pas doué. Il en est de même des sociétés, c’est la liberté, c’est la responsabilité qui fait leur puissance et leur vie.
Pourquoi les colonies grecques ont-elles atteint sitôt la richesse et la grandeur ? c’est qu’elles ont toujours été libres. Dès que l’essaim s’envolait, il était maître absolu de ses destinées, et rien n’inquiétait son indépendance. Les émigrés n’étaient point les serviteurs, mais les alliés naturels de la métropole. Les deux peuples parlaient la même langue, avaient les mêmes dieux, gardaient les mêmes coutumes, mais chacun était maître de ses intérêts et de ses droits. C’est la liberté qui, en stimulant l’énergie des colonies naissantes, leur permit de s’étendre par toute la Méditerranée ; jamais le monopole n’a connu cette fécondité. Dans les temps modernes, prenons pour exemple l’Amérique du nord.
Tandis que le Canada, établi avant la Virginie, le Canada, où l’on donnait aux émigrants des terres, du bétail, de l’argent, languissait sous la protection de nos rois, la Virginie, abandonnée à ses propres ressources, faible, mais sachant qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même, et que chaque effort lui profiterait, la Virginie s’organisa, se développa librement, et quand, franchissant les Alleghanys, elle vint disputer aux Français la vallée de l’Ohio, la colonie libre qui