Par degrés, l’avarice des marchands anglais devint encore plus hardie, et un nouvel acte du parlement défendit à l’Amérique, non-seulement de fabriquer des articles qui auraient pu faire concurrence aux produits anglais sur le marché étranger, mais encore de se fournir elle-même, par son propre travail, les produits nécessaires à la consommation locale.
C’est ainsi que l’industrie américaine fut complètement détruite au profit des manufactures anglaises. Berkeley écrivait au roi, en 1671 : « Cet acte sévère du parlement, qui nous interdit tout autre négoce qu’avec l’Angleterre, est un obstacle si puissant et si désastreux à notre commerce et à notre navigation, que nous ne pouvons établir dans nos plantations les cultures qui y viennent naturellement, l’olivier, le coton, la vigne ; nous ne pouvons nous procurer un seul homme habile pour notre industrie de la soie, qui donne tant d’espérances ; il est illégal de porter un morceau de bois ou un boisseau de grain en Europe, hors des domaines de Votre Majesté. Si cela était pour le service du roi ou dans l’intérêt de ses sujets, nous ne nous plaindrions pas, quelles que fussent nos souffrances ; mais, sur mon âme, c’est tout le contraire, et c’est la cause pourquoi on ne construit ici ni grands ni petits vaisseaux. C’est que nous, nous obéissons à la loi, tandis que la Nouvelle-Angleterre s’en