Malgré le récit favorable de Smith et le succès de son voyage, la compagnie ne donna pas suite aux projets du capitaine ; il fallait un motif plus puissant que l’intérêt pour décider des hommes à s’exiler dans un pays qui était loin d’offrir les séductions de la Virginie ou les ressources de la patrie. Un climat rude, une terre peu fertile, couverte de forêts séculaires, occupée par des tribus sauvages, c’était là toute la Nouvelle-Angleterre.
Aussi, ce ne fut ni l’industrie d’une corporation, ni les privilèges du roi Jacques qui peuplèrent le nord du continent : ce fut la religion. La foi exaltée par la persécution donna aux émigrants ce courage qui surmonte tous les obstacles, cette persévérance que les misères, la guerre et la mort même n’épuisent pas, cette énergie enfin qui rend capable d’efforts surhumains, parce qu’avec une confiance absolue dans l’assistance de Dieu, on ne doute point de ses propres forces et on n’attend rien d’autrui.
Pour bien comprendre quel fut l’esprit de ces émigrants qui ne ressemblaient guère aux colons de la Virginie, il nous faut entrer dans quelques détails sur leurs croyances et sur les persécutions qui les poussèrent dans le nouveau monde.
Ces détails ne sont point un hors d’œuvre, car s’il est une vérité évidente pour qui étudie la société américaine dans ses origines, c’est que