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l’Église. Tandis que Luther soumettait la religion aux princes qu’il constituait évêques extérieurs avec une autorité supérieure à celle que possédaient les princes catholiques, Calvin fondait une théocratie austère où la puissance séculière s’effaçait, où le ministre avait la direction suprême des actions humaines. Les idées de Calvin eurent un grand succès ; la république de Genève, ordonnée, dirigée par lui, devint le type de gouvernement pour les églises protestantes. La rigidité de ses institutions, qui contrastait bien plus fortement que la discipline luthérienne avec les cérémonies et les usages de Rome, les fit adopter par tous les esprits ardents, et Genève servit de modèle aux Églises de Hollande, d’Écosse et de France.

Il en fut autrement en Angleterre, où la réforme était dirigée par un roi, ennemi de la papauté plutôt que des croyances catholiques. C’était à la suprématie et non pas à la foi que s’attaquait Henri VIII : il voulait être pape dans ses domaines et rien de plus. Aussi ce mauvais prince, repoussé des protestants comme étant resté catholique, et rejeté par les catholiques comme chef d’hérésie, conserva-t-il en grande partie et le fonds et la forme du catholicisme. La hiérarchie fut respectée comme institution religieuse et civile tout ensemble ; on laissa aux archevêques, aux évêques, à tous leurs subordonnés leurs titres,