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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/173

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horreur tout ce qui ressemblait au papisme, le peuple courut en foule aux puritains, dont le nombre et la hardiesse croissaient chaque jour. Les évêques accusèrent les dissidents de pousser à l’état populaire ; et Élisabeth, effrayée pour son autorité, jugea qu’il était temps d’arrêter les progrès d’une secte qui menaçait à la fois l’État et la religion.

Malheureusement, il faut bien le dire à la honte du passé et pour l’instruction du présent, on ne comprenait guère les droits sacrés de la conscience et de la raison. Cette patience qui, tout en condamnant l’erreur, souffre ceux qui s’égarent, cette charité que l’infidélité ne rebute pas, cette douceur qui est l’esprit même de la religion, étaient des vertus inconnues en Europe au xvie siècle, et comme l’a remarqué Robertson, l’idée de tolérance était si étrangère alors, que le mot même n’existait pas.

En ce point, nulle différence entre les catholiques et les protestants. C’est une erreur de croire que les réformateurs soient venus pour émanciper la conscience et lui donner la liberté dont elle jouit à présent. La reconnaissance des droits de la raison humaine, loin d’être la cause qui fit rompre avec Rome, a été un des derniers fruits de la Réforme. Luther était plus dogmatique que ses adversaires, quoique du reste l’élévation de son esprit l’éloignât des moyens