Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/174

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violents. Calvin, ennemi déclaré de quiconque ne pensait pas comme lui, brûlait le malheureux Servet coupable d’hérésie ; Henri VIII jetait au feu ceux qui osaient nier la transsubstantiation ; Edouard VI frappait quiconque osait y croire, et si l’inquisition poursuivait à Rome ceux qui niaient l’infaillibilité du pape, Élisabeth faisait pendre à Tyburn ceux qui ne reconnaissaient point sa suprématie.

Aucune secte ne mit en doute l’infaillibilité de ses doctrines et de ses pratiques ; on eût dit que chaque église ne prétendait être en communion avec Dieu que pour avoir le droit d’excommunier le reste des chrétiens. Ce n’était point comme des aveugles dignes de pitié qu’on regardait les hommes d’une autre opinion, c’était comme des idolâtres, des sacrilèges, des ennemis publics qu’il fallait exterminer par le fer et par le feu ainsi que les Juifs avaient fait des Madianites. Souffrir l’erreur comme un moindre mal que la violence faite aux consciences, c’était agir en politique, en athée qui cède à de misérables considérations temporelles. L’hérésie était un crime aussi grand que le meurtre, l’extirper était le premier devoir du magistrat.

C’est une remarque profonde de Hume, qu’il y a peu de martyrs qui, au sortir du supplice, ne l’imposent volontiers à autrui. La lutte des sectes d’Angleterre est la justification de cette