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tains. Ceux-ci considéraient l’Église anglicane comme le temple de Dieu ; l’autel avait besoin de purification, mais on y pouvait adorer le Christ. Au contraire, Brown et ses disciples, qu’on nomma pour cette raison les séparatistes, repoussaient toute alliance. La part de vérité qui restait dans l’Église d’Angleterre y était captive et souillée par le contact des infidèles ; c’était l’arche du Seigneur entre les mains des Philistins.

Brown enseignait donc que l’Église d’Angleterre était corrompue et antichrétienne ; ses ministres n’étaient point régulièrement ordonnés, ses lois et ses sacrements étaient sans valeur, et, en conséquence, il défendait toute communion avec elle. En même temps il maintenait que la discipline était aussi invariable que la croyance, toutes deux reposant sur la parole de Dieu. Mais quelle était la discipline qu’il lisait dans la Bible ? La voici :

Point d’évêques, point de hiérarchie, une forme toute républicaine. Toute société de chrétiens s’unissant ensemble pour honorer Dieu, constituait suivant lui une Église indépendante, parfaite en soi, possédant une juridiction complète pour la conduite de ses propres affaires, et ne relevant d’aucun supérieur ni laïque, ni ecclésiastique. De là le nom d’indépendants, donné souvent au brownistes. La grande république chrétienne se composait ainsi d’une fédéra-