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le Seigneur l’abandonna, dirent ses disciples ; mais sa défection n’affaiblit point le parti, qui fit de nouveaux progrès parmi le peuple et la classe moyenne. Les Indépendants jouèrent un grand rôle au temps de Cromwell, et aujourd’hui, sous ce nom d’Indépendants ou de Congrégationalistes, c’est encore une des communions les plus considérables des États-Unis.

Toutefois, l’ardeur avec laquelle les tribunaux civils et ecclésiastiques poursuivaient ces niveleurs, leur rendit intolérable le séjour de l’Angleterre, et en 1607, les plus ardents brownistes, conduits par leur pasteur John Robinson, homme de grand mérite, s’enfuirent sur le continent, à Leyde, en Hollande, « là où, suivant ce qu’ils avaient ouï dire, la liberté de religion appartenait à tous les hommes. »

Ils y restèrent quelques années tranquilles et obscurs ; luttant contre la nécessité qui, dans un pays d’industrie, était extrême pour des hommes accoutumés au travail des champs. Mais chaque jour diminuait leur nombre, et le mariage des jeunes gens dans les familles hollandaises, affaiblissait la petite Église qui ne se recrutait plus en Angleterre et qui ne faisait point de prosélytes à Leyde. Décidés à rester Anglais et à propager une doctrine qu’ils regardaient comme la seule vraie, les exilés résolurent, pour ne point laisser perdre le trésor dont ils étaient dépositaires, de se trans-