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née avec la première famille ; c’est un fait naturel, primitif, comme le langage, un fait que la science prend comme point de départ mais qu’elle n’explique pas. L’homme vit en société parce qu’il est né sociable, et non parce qu’il lui a pris fantaisie de se rapprocher de ses semblables, fantaisie qu’il pourrait abandonner pour un désir contraire et qui le ramènerait au fond des bois ; et c’est parce que l’homme est né sociable, parce que sa nature veut qu’il vive en communauté, parce que c’est là seulement qu’il trouve la satisfaction de ses besoins physiques, moraux, intellectuels, la perfection de ses instincts et de ses idées, qu’il a dans la société des devoirs auxquels il ne peut se soustraire, et des droits qu’il a raison de réclamer.

L’acte rédigé sur la Fleur-de-Mai n’est donc rien moins que la formule authentique d’un contrat social. C’est tout simplement une charte, comme il y en a beaucoup, par laquelle une société toute constituée, une compagnie d’hommes, vivant ensemble sous l’empire de coutumes et de lois reconnues, convient d’établir une autorité assez forte pour faire respecter les lois, sous la protection desquelles on continuera de vivre. Les pèlerins n’avaient rien de plus cher que les coutumes de la patrie, qu’ils ont conservées jusqu’à ce jour, et ce qu’ils constituaient, ce n’était pas une société, mais un gouvernement.