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Les commencements de la plantation furent très-pénibles ; la saison était meurtrière, car le froid, en Amérique, est infiniment plus rigoureux qu’en Europe sous la même latitude, et par exemple, Québec, au Canada, qui a les étés de Paris, a un hiver de six mois aussi rude qu’à Saint-Pétersbourg ; tandis que New-York, sous la latitude de Naples, a les étés de Rome et les hivers de Copenhague.

« Les pèlerins avaient passé le vaste Océan, dit l’historien de la colonie, ils arrivaient au but de leur voyage, mais ils ne voyaient point d’amis pour les recevoir, point d’habitation pour leur offrir un abri. On était au milieu de l’hiver, et ceux qui connaissent notre climat savent combien les hivers sont rudes, et quels furieux ouragans désolent alors nos côtes. Dans cette saison, il est difficile de traverser des lieux connus, et à plus forte raison de s’établir sur des rivages nouveaux. Autour d’eux n’apparaissait qu’un pays hideux et désolé, plein d’animaux et d’hommes sauvages, dont ils ignoraient le degré de férocité et le nombre. La terre était glacée ; le sol était couvert de forêts et de buissons. Tout avait un aspect barbare. Derrière eux, ils n’apercevaient que l’immense Océan qui les séparait du monde civilisé. Pour trouver un peu de paix et d’espoir, ils ne pouvaient tourner leurs regards qu’au ciel[1]. »

À tous ces maux du climat, l’imprévoyance joignit une cause de ruine qui faillit perdre la colonie. On imagina, comme en Virginie, d’é-

  1. Tocqueville, I, 55. New Englands mémorial de Nalhaniel Horion.