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ne tourne pas cette liberté en licence ou profanation, en injures ou trouble à autrui. »

Certes c’est là une noble déclaration et dont il serait difficile de trouver un second exemplaire dans le xviie siècle ; mais il est triste de voir combien cet acte est peu d’accord avec les persécutions domestiques autorisées par le même monarque dans son règne dissolu ; il n’est pas moins triste de penser combien cet esprit de tolérance a trouvé peu d’imitateurs parmi les autres colonies de la Nouvelle-Angleterre.

Du reste, comme il arrive toujours quand on a sur les yeux les écailles qu’y met l’esprit de parti, les colons et surtout les ministres du Massachussets ne comprenaient rien au progrès de cette plantation qui pendant quarante ans eut le bonheur de jouir des conseils et de l’exemple du bon et pieux Williams. « Cette colonie, écrivait en 1695 le fougueux et intolérant Cotton Mather, est un ramas d’antinomiens, de familistes, d’anabaptistes, d’arminiens, d’antisabbatistes, de sociniens, de quakers, de convulsionnaires, en un mot de tout excepté de vrais chrétiens ; si un homme perdait sa croyance il serait sûr de la retrouver dans quelque village de Rhode-Island : Bona terra, mala gens[1]. »

On en jugeait autrement dans la colonie, et

  1. Warden, Description des États-Unis, t. I, p. 519.