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j’ose le dire, une nécessité de situation. Elle sortait de leur vie privée tout entière.

En premier lieu, c’était un peuple habitué dès longtemps à une assez grande somme d’indépendance. Ce n’est point le moment de retracer l’histoire de la constitution anglaise, et de montrer comment, grâce à l’accord des barons et du peuple, l’Angleterre jouit de bonne heure d’une liberté plus grande que celle du continent ; il suffit de dire que de tous les peuples de l’Europe, les Anglais étaient déjà les plus avancés dans la pratique du libre gouvernement.

Ce goût d’indépendance, particulier de tout temps à la race anglaise, fut encore développé par les circonstances de l’émigration ; les puritains, laissant à la mère patrie ses privilèges, emportaient avec eux l’égalité politique, base première, condition essentielle de la liberté. C’étaient des marchands, des bourgeois, de petits propriétaires. D’une part, point de misérables sans éducation, et asservis aux besoins de chaque jour ; de l’autre, point de seigneurs réclamant ou des privilèges féodaux, ou la supériorité que donne la naissance. Davantage, point d’évêques, point de clergé dominant, formant une caste distincte et privilégiée ; point de magistrat qui voulût installer dans le nouveau monde un gouvernement fait pour un autre pays ; en un mot rien qui altérât l’égalité. Au contraire, la ressemblance des con-