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ditions, un égal éloignement de la misère et de la richesse, de l’illustration et de la bassesse, l’unité du but, le lien religieux, tout concourait à établir un même niveau pour cette société nouvelle, tandis que nous, c’est d’hier seulement que nous avons déraciné l’inégalité (et bien plus encore des lois que des mœurs), et cela au prix d’une révolution sanglante, et qui trop souvent a perdu par ses excès les institutions mêmes qu’elle prétendait fonder.

À cet élément d’indépendance, à l’égalité politique qu’il ne faut point confondre avec l’égalité absolue des niveleurs modernes (celle-là serait la destruction de toute liberté, ce serait l’égalité de la brute dans l’écurie), il faut joindre le ressort énergique que donnait à la liberté individuelle la foi, la croyance des puritains. On ne parle pas des formes toutes républicaines de leur Église ; on a déjà traité cette question. Je remonte plus haut, et je demande d’où est sorti cet esprit républicain qui a transformé tout ensemble la croyance, le culte et la société ?

J’avance ici sur un terrain brûlant, et je réclame toute votre indulgence si par hasard ma parole allait plus loin que ma pensée, et pouvait vous blesser dans ce que l’homme a de plus respectable, dans vos convictions religieuses.

J’ai un respect véritable, et qui n’a rien d’affecté, pour le catholicisme ; il a fait de très-grandes