avare ou inquiète. L’État a toujours gardé plus ou moins cette tutelle qui ôte à la commune le sentiment de sa responsabilité, et cependant ce sentiment est le premier gage de la liberté, la seule garantie qui en assure le bon usage et les bienfaits.
Sans doute on a commencé un affranchissement inévitable, et, depuis 1830 surtout, il y a eu progrès ; mais, d’une part, on a reculé devant l’émancipation complète des municipalités ; de l’autre, on a marchandé le droit électoral, dans un cas où il y avait tout intérêt à le prodiguer. La conséquence de cette politique, c’est qu’une grande partie de la nation est restée étrangère à ses propres affaires, et qu’aujourd’hui, quand le suffrage universel a fait de tous les Français des citoyens, il manque au plus grand nombre cette éducation politique que la vie municipale peut seule donner.
Il faut entrer de suite dans une voie nouvelle, sous peine de compromettre la république ; car on ne peut pas imaginer que des paysans tenus dans l’ignorance de leurs intérêts communaux, intérêts qui les touchent et qu’ils peuvent comprendre, seront, tous les trois ans, éclairés d’une lumière subite pour élire des représentants ou un chef de l’Etat. Dans la Nouvelle-Angleterre, on ne trompe pas un électeur, car la commune a été pour lui l’école primaire de la liberté ; elle