voyais passer à ma gauche une foule de gens que j’avais connus si longtemps à ma droite, que j’ignorais qu’ils fussent républicains ; aujourd’hui, les voici revenus à leur première place, toujours fidèles à la même pensée, c’est qu’il faut soutenir et servir le pouvoir. Quelques personnes les blâment, et moi je les admire, car ils ont résolu le plus délicat des problèmes, en mettant d’accord leur devoir et leur intérêt.
Pour moi, que le sort a toujours fait simple spectateur, et qui n’ai qu’un désir, celui de voir la France heureuse, libre et pacifique, j’ai le défaut, et il est grand dans ce pays, de ne point me fier au courant qui emporte si bonne compagnie ; et, par un vice de nature ou d’éducation, je me défie de ce que tout le monde applaudit. Comme citoyen, ce n’est pas sans inquiétude que je considère ce qui se passe aujourd’hui. Dans ce que j’entends louer, il me semble que je reconnais des solutions déjà essayées, et dont la France s’était fatiguée comme elle s’est dégoûtée de tant de choses. En politique il n’y a plus de mystères, et on y peut calculer aisément l’effet d’institutions déjà connues. Certes, on n’avait point caché au pays ce que la démagogie apporte avec elle de misères et de crimes ; la France n’a pas voulu écouter ses conseillers ; elle a mieux aimé acheter l’expérience ; elle sait ce qu’on la paye : aujourd’hui on se croit au port ;