Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/320

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rêveurs ! Quand un homme vous demande cinq ans de despotisme pour fonder la liberté, soyez sûr que cet homme, s’appelât-il Turgot, est non point un homme d’État qui veut éclairer et régulariser la société existante, mais un théoricien qui rêve une société impossible.

Les Américains de la Nouvelle-Angleterre, gens pratiques et positifs, ont fait des sacrifices considérables pour l’éducation ; mais c’est qu’ils ont calculé dès le premier jour que l’éducation du peuple était pour la république une question de vie ou de mort ; et c’est parce qu’il s’agissait de l’intérêt et du salut commun, que ces gens, qui s’en remettent à l’intérêt privé du maintien de la religion, et d’une foule de choses que nous réservons à l’État, n’ont point voulu que l’éducation du peuple pût être un instant négligée, et en ont fait le premier devoir de la commune.

Voici, du reste, en quels nobles termes un des grands orateurs de l’Amérique, M. Webster, a fait l’éloge des écoles du nouveau continent, écoles où il avait reçu toute son éducation et dont il était le vivant éloge. C’est en 1821, quand le Massachussets réforma sa constitution, que M. Webster exposa dans la Convention les principes suivis de tout temps dans la Nouvelle-Angleterre pour l’enseignement primaire :

À ce sujet des écoles libres, la Nouvelle-Angleterre est en droit de prétendre à une gloire toute particulière. Elle