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tuer demain pour être prince ; c’est le mobile des Français ; la nation est essentiellement ambitieuse et conquérante. »

Cinq ans après cette conversation, où l’Empereur avait plus d’une raison de croire que la France partageait les passions de son chef, la France en était revenue aux idées de Mathieu Dumas. C’est avec furie qu’elle applaudissait aux théories constitutionnelles, c’est avec transport qu’elle saluait dans la Charte les grands principes de 1789 ; et cette passion a duré plus de trente ans, et durerait encore si l’anarchie n’eût pris le masque et le nom de la Liberté pour la déshonorer.

Mathieu Dumas, soldat de la guerre d’Amérique, courageux défenseur de la vraie liberté à l’Assemblée législative, proscrit de fructidor, était un de ces cœurs honnêtes et fermes qui ont l’horreur du désordre, et qui aiment les gouvernements réguliers. Sincèrement attaché à l’Empereur, s’il regrettait la liberté, ce n’était pas par vain regret du passé, c’était parce qu’il y voyait le seul frein qui préserve le pouvoir d’entraînements dangereux. Il est permis de croire qu’une tribune et une presse vraiment libres eussent épargné à la France plus d’un malheur, à l’Empereur plus d’une faute cruellement expiée.

C’est ainsi qu’à la fin d’une longue et honorable vie il fut donné au général Mathieu Dumas de voir