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de l’Orient. Ce pays qui ne produisait pas de blé était le grenier du continent ; ce pays où l’on ne trouvait ni lin, ni troupeaux, était le plus grand atelier d’Europe, la grande manufacture de la laine et de la toile ; cette terre sans forêts construisait plus de navires que le reste du monde. La Hollande, en un mot, était l’Angleterre d’aujourd’hui, et la liberté commerciale y faisait ses premiers miracles.

Il a fallu des siècles pour faire descendre au second rang cette nation économe, laborieuse, persévérante ; il a fallu une coalition de tous les pays producteurs, et la rivalité de l’Angleterre soutenue par des manufactures considérables, pour que la Hollande cessât d’être le premier marché du monde, et on peut prévoir, si les principes de liberté commerciale triomphent, une prospérité nouvelle pour la marine hollandaise, car nul peuple aujourd’hui, non pas même les Anglais, ne rivalise avec eux pour la navigation économique et sûre. Il y a là des qualités nationales, une vocation naturelle qui se développe aussitôt que les circonstances extérieures cessent de la comprimer.

Cette grandeur rapide d’Amsterdam rendue à la liberté n’a d’analogue dans l’histoire moderne que le progrès bien plus rapide encore de New-York qui, péniblement gênée par les lois prétendues protectrices de l’Angleterre, n’avait en 1776