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plus légère encore. En outre, on exigeait quelques services personnels et un droit de lods et vente ; enfin, suivant l’esprit de l’époque, cette redevance était perpétuelle comme la concession et non rachetable.

C’est contre cette rente foncière, c’est contre ces redevances, dues à cause du fonds, que s’est formée la ligue des antirenters. C’est elle qui, par des excès déplorables, a obligé l’état de New-York à voter des lois qui eussent été justifiables si la violence ne les avait imposées.

Nous avons déclaré les rentes foncières rachetables, en haine de la féodalité plus encore que par intérêt pour la propriété, et on ne voit pas pourquoi l’Amérique, où la féodalité fut de tout temps étrangère, n’aurait pas eu le droit de suivre une même politique. Ce n’est point là violer les contrats, car les contrats que la loi est tenue de respecter sont ceux d’homme à homme, et non pas les engagements par lesquels la génération présente pourrait asservir et gêner la génération à venir. Qu’il s’agisse de fondations pieuses, de mainmortes, de substitution ou de services fonciers calculés dans un intérêt de famille, il est évident que la société ne peut être engagée à perpétuité par l’individu et qu’elle aura toujours le droit, moyennant juste indemnité, de dénouer un lien qui l’étouffe. Autrement il faudrait soutenir qu’un individu est plus puissant que la so-