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de l’égalité. « En matière de liberté, disait Penn, je veux, et ceci est assez extraordinaire, ne laisser, ni à moi ni à mes successeurs, aucun moyen de nuire ; il ne faut pas que la volonté d’un homme puisse empêcher le bonheur d’un pays. La fin suprême du gouvernement, ajoutait-il, c’est de maintenir le peuple dans le respect et de le garantir contre les abus de l’autorité, car la liberté sans obéissance est confusion, et l’obéissance sans liberté est esclavage[1]. »

Le premier acte de souveraineté que fit Penn fut de convoquer tous les habitants pour leur faire voter une constitution. Ils préférèrent y paraître par représentants, et en trois jours on rédigea une charte où perce l’esprit des quakers, esprit plus libéral et moins formaliste que celui de la Nouvelle-Angleterre.

Dieu fut déclaré le seul seigneur et maître des consciences ; en d’autres termes, on reconnut la liberté de toutes les communions chrétiennes. Cette liberté, que les autres sectes ne donnaient que par tolérance ou par politique, était un article de foi pour les quakers, qui fondaient la religion sur l’illumination intérieure. Persécuter, suivant les paroles de Penn, c’était empêcher l’œuvre de la grâce de Dieu et l’invisible opération de son esprit éternel. Ne l’oublions pas, c’est au temps des

  1. Bancroft, II, 300.