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Guillaume Penn, le quaker, avait ouvert un asile aux pauvres et aux opprimés de toute nation[1], dès qu’on y connut les conditions libérales du concessionnaire, il se fit une émigration considérable de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Irlande et surtout des bords du Rhin, où Penn lui-même avait répandu par sa prédication la doctrine des Amis. Cette dernière émigration fut assez nombreuse pour qu’en 1750 on se demandât laquelle des deux races l’emporterait dans la colonie, et si depuis cinquante ans l’Ouest a détourné le courant de l’émigration, il n’en est pas moins resté à la Pensylvanie un caractère germanique des plus prononcés.

Avec une pareille affluence, les progrès de la colonie furent bien autrement rapides que ceux de la Nouvelle-Angleterre où l’intolérance effrayait l’émigration. Philadelphie ou la ville de la fraternité, dont Penn avait lui-même fixé la situation pour en faire une grande ville commerciale, la plaçant entre deux rivières, la Schuylkill et la Delaware ; Philadelphie qui, en août 1683, consistait en quatre misérables cabanes, avait trois ans plus tard fait des progrès plus grands que New-York en un demi-siècle. Ce fut le moment le plus heureux et le plus glorieux de la vie de Penn : « Je puis dire sans vanité, écrivait-il, que j’ai fondé en Amérique la plus

  1. Penn faisait des conditions plus favorables aux pauvres français protestants, qu’aux émigrants même anglais, et cela sans distinction d’Église. (Amer. angl., p. 124.)