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grande colonie que jamais homme ait établie avec son crédit privé, et c’est parmi nous que se trouvent les plus heureux commencements. »

Le gouvernement organisé, une paix durable établie avec les Indiens, la constitution adoptée, les cours de justice instituées, la mission de Penn était accomplie. Il fit ses adieux à la colonie, comme ces anciens législateurs grecs qui disparaissaient, leur œuvre achevée.

« Mon amour et ma vie sont à vous et avec vous. Ni la mer n’éteindra ma tendresse, ni la distance ne la finira. J’ai été avec vous, j’ai veillé sur vous ; je vous ai servis avec un amour sincère et vous m’êtes chers au delà de toute expression. Je vous bénis au nom et par le pouvoir du Seigneur, et puisse Dieu vous bénir en vous donnant la justice, la paix et l’abondance. — Vous êtes venus sur une terre tranquille ; la liberté et l’autorité sont dans vos mains. Gouvernez au nom de celui que les princes reconnaîtront un jour pour le guide suprême. Et toi, Philadelphie, établissement vierge, nommée avant ta naissance, quel amour, quel soin, quelle peine, quel travail il a fallu pour te mettre au monde ! Puisses-tu être gardée du mal qui t’opprimerait, puisses-tu, fidèle au Dieu de merci, persister dans la voie de justice pour être sauvée à la fin ! Mon âme prie Dieu pour toi pour que tu puisses être droite au jour du jugement, que tes enfants soient bénis du Seigneur, et ton peuple sauvé par son pouvoir. — Chers amis, mon amour vous salue tous[1]. »

Il retourna en Angleterre, laissant la colonie se

  1. Bancroft, II, 393.