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nais rien de si impatientant que les louanges décernées à un enfant au maillot ; laissez-le grandir ! »

L’enfant a grandi avec une rapidité qui tient du miracle, et on peut compter le petit nombre d’années après lesquelles les États-Unis, si quelque vice intérieur n’arrête leur progrès, seront le plus puissant empire du monde.

La population des treize colonies ne s’élevait pas à trois millions d’âmes en 1790 ; en 1810, elle dépassait sept millions ; on en comptait plus de douze, en 1830 ; plus de dix-sept, en 1840[1] ; en d’autres termes, elle double en moins de trente ans. Ainsi, selon le calcul le plus modéré et sans tenir compte de l’émigration qui croît chaque jour, avant la fin du siècle l’Amérique du nord, qui sera loin d’être à demi peuplée, contiendra plus de quatre-vingts millions d’hommes[2], unis par la race, la langue, le génie, le gouvernement, la configuration même du territoire, le développement du commerce, de l’industrie, des voies de communication ; un peuple qui, vous le verrez, a fait depuis 1776 des progrès immenses

  1. Le recensement de 1850 donne le chiffre de 23 000 000.
  2. C’est le calcul modéré de M. Tucker, professeur d’économie politique à l’Université de Virginie. En 1843, il évaluait ainsi le progrès de la population : 22 400 000 en 1850 (calcul justifié par l’événement), 29 000 000 en 1860, 38 000 000 en 1870, 49 000 000 en 1880, 63 000 000 en 1890, et 80 000 000 en 1900. M. Tucker écrivait avant la conquête de la Californie (Progress of the United States in population and wealth in fifty years, by Georges Tucker. New-York, 1843, p. 106.)