chaque comté devait rester immuable ; pendant le siècle courant, il était permis de vendre ensemble les terres et les dignités qui y étaient jointes ; mais après 1700, l’aliénation était interdite. À défaut d’héritiers, c’était aux propriétaires que revenait le droit de nommer aux domaines et aux titres vacants.
Quant aux vingt-quatre colonies de chaque comté, elles devaient être partagées entre francs tenanciers ; mais le propriétaire d’un quart de colonie, c’est-à-dire de trois mille acres, pouvait faire ériger son domaine en manoir, et, dès lors, la terre était à jamais indivisible. C’était un fief[1].
Au-dessous de cette hiérarchie féodale, il fallait ménager la place du peuple, sur qui portait la mise en culture de ces vastes domaines. Locke y avait pourvu, en établissant que les seigneuries, baronnies et manoirs, divisés pour l’exploitation en fermes de dix acres, seraient cultivés par une race de tenanciers héréditaires (leetmen), attachés à tout jamais à la glèbe, et payant comme rente un huitième du produit[2].
Sur ces tenanciers, dont l’État n’avait point à s’occuper, les seigneurs propriétaires, landgraves, caciques, ou lords de manoir avaient, dans leur cour de manoir, pleine justice civile et criminelle, sans appel. C’était, pour les vilains