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de la cité future était remise à un maire, secondé par douze aldermen et un conseil de vingt-quatre membres[1]. C’était beaucoup pour des villages qui de longtemps ne comptèrent une centaine d’habitants.

Je remarque encore dans l’organisation du jury un principe que nous avons adopté, mais qui est contraire à l’esprit de la loi anglaise, et qu’elle a toujours repoussé : c’était la majorité qui faisait le jugement[2]. En Angleterre, où, à la différence de notre pays, la loi se préoccupe moins de la société que de l’accusé, qui a plus besoin de protection, il faut l’unanimité du jury pour la condamnation. On tient qu’en matière politique surtout, la liberté est compromise si la majorité suffit pour prononcer l’arrêt, et qu’en présence d’un pouvoir qui peut séduire ou menacer, c’est, d’une faible minorité seulement qu’on peut attendre l’indépendance et la fermeté. Les Américains, aussi jaloux de la liberté politique que les Anglais, ont conservé ce principe qui, je l’avoue, me semble prêter à la discussion, et qui d’ailleurs conclut plutôt à une majorité considérable qu’à l’unanimité.

Enfin, la charte promettait la liberté de religion à tous, dissidents, juifs ou païens ; mais (et Locke n’était pas blâmable en ce point, car c’est

  1. Art. 92.
  2. Art. 69.