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malgré lui qu’on avait refusé l’égalité des cultes[1]) ce n’était que de la tolérance. L’Église établie était déclarée seule nationale et orthodoxe, et seule aussi devait être entretenue par la colonie au moyen de concessions faites par le parlement. Quant aux autres congrégations, elles avaient la liberté de taxer leurs membres pour le soutien du ministère, mais l’Etat ne venait point à leur secours.

Il est curieux de voir par quel détour Locke établit la liberté des cultes ; les articles 97 et 106 sont moins des chapitres de loi qu’un traité de tolérance.

Art. 97. « Comme les natifs de la plantation sont tout à fait étrangers au christianisme, et que leur idolâtrie, leur ignorance, ou leur erreur ne nous donnent aucun droit de les chasser ou de les maltraiter, et comme ceux qui viennent d’autres pays pour s’établir ici, seront infailliblement d’opinions différentes en ce qui touche la religion, qu’ils comptent qu’on leur laissera leur liberté à ce sujet, il ne serait pas raisonnable à nous de les éloigner à cause de cela : afin donc que la paix soit maintenue parmi la diversité d’opinions, et que notre accord et contrat avec tous les hommes soit dûment et fidèlement observé, contrat dont la violation, quel qu’en fut le prétexte, ne peut avoir lieu sans grande offense au Tout-Puissant, et grand scandale pour la vraie religion que nous professons ; et aussi afin que les juifs, païens et autres dissidents de la pureté de la religion chrétienne, ne soient pas effrayés et tenus à distance

  1. Art. 96 et la note qui nous apprend d’après Locke lui-même que c’était un des propriétaires qui avait inséré cet article contre l’opinion du philosophe.