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Établir une seconde chambre était une idée politique ; la division du pouvoir législatif (l’exemple des trente États de l’Amérique est là pour l’attester ) est une des conditions essentielles de la liberté ; c’est la seule garantie contre la tyrannie ou la faiblesse du parlement ; c’est aussi le seul moyen connu de tempérer la démocratie et de l’empêcher de se perdre par l’entraînement ou la mobilité de ses passions. Mais l’hérédité, quand les mœurs ne la demandent pas, n’est nullement une condition nécessaire d’existence pour un sénat ; une chambre de pairs héréditaires dans la France de 1814, c’était, comme les landgraves et les caciques de la Caroline, l’importation d’une institution anglaise sur une terre aussi démocratique que les États-Unis, et qui, elle aussi, rejetait l’inégalité.

Comparons la constitution que Locke imagina pour la Caroline, avec celles qui s’établirent d’elles-mêmes dans les autres colonies, et nous verrons de suite quelle est la différence d’un système artificiel et d’une loi qui est le produit naturel des circonstances. Partout nous trouvons la même organisation : un gouverneur chargé du pouvoir exécutif, un conseil ou chambre supérieure, mêlé tout à la fois à l’administration et à la législation, enfin une assemblée nommée par le suffrage universel des planteurs. C’est la constitution de la métropole, mais débarrassée des