Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/465

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Cet adoucissement commencé par saint Paul ne s’est arrêté qu’à la transformation de la servitude en servage ; l’esclave est devenu un colon, un laboureur, attaché à la terre, il est vrai, mais par un lien plus réel que personnel. Il a fallu sans doute de longs siècles pour amener ce résultat ; mais dès le premier jour la réforme a été en germe dans le respect de l’Église pour la personne humaine, temple de Jésus-Christ. L’esclave a été pour l’Eglise un chrétien, un homme, un époux, un père, et non point une bête de somme, un outil, un capital dont on abuse à volonté.

En Amérique, au contraire, la condition de nègre ne s’est en rien améliorée. Vous avez vu tout à l’heure la dureté de ces lois, faites cependant à une époque où l’Angleterre se glorifiait de sa civilisation, où Voltaire et Montesquieu la présentaient à la France comme modèle d’un gouvernement et d’une société libre. Depuis lors l’Angleterre a marché. Grâce à Romilly, grâce à Wilberforce, grâce à Clarkson, elle a pris l’initiative de l’émancipation et a sacrifié des millions à cette œuvre sainte. L’Amérique n’a rien fait. Elle n’a pas aboli l’esclavage ; elle ne l’a pas transformé en servage. Ses lois sont aussi dures que le premier jour. Entre cette assemblée coloniale, qui déclarait, en 1712, qu’il n’était ni juste ni convenable de mettre les nègres en liberté, et les lois et les idées d’aujourd’hui, rien n’a changé, sinon peut-être que l’oppo-