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anglaise ont démontré non-seulement que le droit d’accorder l’impôt était en fait un des plus certains et des plus anciens privilèges du citoyen anglais ; ils ont établi comme un principe fondamental que, dans toutes les monarchies, le peuple doit posséder, directement ou indirectement, le pouvoir d’accorder son argent, ou que, sinon, il n’existe pas même l’ombre de la liberté.

« Les colonies ont reçu de vous, avec le sang, ces idées et ces principes. Leur amour de la liberté s’est, comme chez vous, fixé, attaché à ce point spécial de l’impôt. La liberté pouvait être respectée ou mise en danger de vingt autres côtés, sans leur causer de joie ni d’inquiétude, c’est là qu’était pour elles le pouls de la liberté, et, suivant qu’il battait, elles se trouvaient malades ou bien portantes.

« Je ne dis point qu’elles eussent tort ou raison d’appliquer vos raisonnements à leur propre situation ; ce n’est pas chose aisée que de garder pour soi le monopole des principes et de leurs conséquences. Le fait est qu’elles ont ainsi entendu ces règles générales, et la manière dont vous les avez gouvernées, soit douceur ou indolence, soit sagesse ou erreur, les a confirmées dans l’idée qu’elles avaient, aussi bien que vous, un intérêt dans ces communs principes.

« Elles ont été en outre confirmées dans cette erreur qui les charmait par la forme même de leurs assemblées provinciales. Leurs divers gouvernements sont populaires au plus haut degré ; quelques-uns même sont purement populaires. En tous la représentation populaire est l’élément le plus considérable. Cette participation du peuple au gouvernement ne manque jamais de lui inspirer des sentiments altiers, et une profonde aversion contre tout ce qui tend à le priver de son plus grand privilège.