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rien comprendre ; le passé seul peut nous donner le secret de ce que nous admirons.

Au temps féodal la société était une armée campée sur le sol, ayant son chef dans le roi, ses capitaines dans les barons, ses soldats dans les vassaux. La propriété foncière étant alors la seule richesse, et le seul instrument de puissance, ce fut en terres, ou comme on disait, en fiefs, qu’on paya cette armée permanente. Et comme les fonctions étaient héréditaires, ce fut en quelque façon le sol même qui représenta le commandement et le service ; le fief du chevalier dut fournir un soldat, comme le fief du baron dut fournir un capitaine.

C’est ainsi que dès le premier jour il y eut une hiérarchie de personnes, et une hiérarchie de terres correspondante. Un domaine royal, des biens d’églises, des baronnies, des tenures de chevalerie pour défrayer le roi, l’Église, les barons et les chevaliers. Et en descendant plus bas, il y eut des tenures en socage, en bourgage, en villenage, pour l’homme libre qui fendait la terre avec le soc de la charrue, pour le bourgeois qui travaillait dans les villes, pour le misérable serf qui cultivait le champ du seigneur.

L’organisation de la société fut donc à cette époque comme une échelle où chacun eut son degré, où l’on descendait du roi chef suprême à l’évêque ou au baron, du baron au chevalier, du