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et sur les barons. De cette oppression est sortie l’association des nobles et des communes, qui arracha au roi Jean la grande charte, fonda le gouvernement parlementaire, et plus tard obtint des Stuarts l’habeas corpus, et du prince d’Orange la pétition des droits.

Loin donc qu’en Angleterre la noblesse féodale ait été l’ennemie des communes, elle a identifié sa cause avec la leur ; elle a joué le rôle qu’en France a pris la royauté. Elle a respecté, protégé les privilèges de toutes les corporations ; elle n’a été, elle n’a voulu être que la première corporation du royaume. Sous le roi Jean comme sous le roi Jacques II, il y a eu une espèce d’assurance mutuelle entre tous les corps de l’État, qui a maintenu la hiérarchie féodale, et qui a attaché l’opinion à ces formes antiques sous lesquelles se développait l’esprit de liberté.

C’est ainsi que Parlement, Église, Universités, Communes, Corporations, ont conservé leurs anciens privilèges, autant du moins que ces privilèges étaient compatibles avec l’esprit nouveau.

Voilà pourquoi les Anglais ne connaissent la liberté que sous ces formes protectrices dont ils vénèrent l’antiquité et ne la comprennent pas sous cette forme philosophique, absolue, universelle, qui est la nôtre. Ne leur parlez pas de principes généraux bons pour toute nation ; ils tiennent aux libertés anglaises, et n’en veulent point d’autres.