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En Amérique le testament ne détruit point l’égalité ; les mœurs, plus fortes que la loi, ne permettent point d’abuser de cette excessive liberté. On tient au contraire que l’autorité paternelle profite de cet arbitraire, tandis que chez nous elle est affaiblie par la contrainte de la loi. On voit un énergique stimulant de l’activité humaine, dans cette faculté de disposer qui rend l’homme maître absolu de ce qu’il possède, après sa mort comme pendant sa vie. Quant au danger de l’inégalité on ne peut le craindre, car l’idée de constituer une famille serait chimérique aux États-Unis, dans un pays où les substitutions sont inconnues ; où la terre ne donne ni privilège ni pouvoir. L’affection naturelle n’étant point contrariée par l’ambition ni par l’intérêt politique, la liberté de tester est sans danger.

C’est ainsi que le triomphe du principe d’égalité a modifié le droit de succession et changé l’esprit du testament : poussons plus loin ces recherches, et nous verrons que toute la législation de la propriété en est altérée.

Immobiliser la terre dans les mêmes mains, l’empêcher de sortir de la famille, tel est l’esprit de la loi anglaise ; tel était l’esprit de notre ancienne législation, et il en est resté quelque chose dans le Code civil ; rendre la propriété accessible à tout le monde, en faciliter l’engagement et la transmission, tel est au contraire l’esprit de la