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législation dans un pays où la terre n’a point de privilège politique. Le sol est dans le commerce comme tout autre instrument de production.

La loi anglaise rend très-difficile la vente des propriétés foncières, et cette difficulté a une double cause : d’une part il y a des observances d’une minutie excessive et d’autant plus compliquées qu’on en a perdu le sens, mais de l’autre (et cette cause agit plus sensiblement), il y a une jalousie extrême de la loi contre celui qui fait sortir la propriété d’une famille, qu’il soit acquéreur ou créancier. Établir les titres d’une propriété de façon à ce que l’acquéreur ne soit pas inquiété, est chose si délicate en Angleterre, que pour peu que le possesseur y mette de la mauvaise volonté et refuse ses titres, ou ne les communique qu’imparfaitement, les créanciers sont obligés souvent de s’arrêter devant l’impossibilité réelle d’aliéner. Alors même que le vendeur y met toute la franchise et tout le soin imaginables, ce n’est point chose aisée que de se reconnaître dans ces titres compliqués, qui n’ont reçu aucune publicité, et qu’on n’est jamais sûr de posséder entièrement.

C’est ainsi que l’aristocratie de la loi rend incertaine toute autre propriété que la propriété héréditaire. Tout est sacrifié au maintien de la famille.

Ce qui est vrai de la propriété l’est plus encore des hypothèques. Le créancier qui poursuit son