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qui demande des hommes supérieurs, et aussi des hommes nouveaux. Rarement, en effet, les hommes qui ont réussi dans l’opposition apportent au pouvoir des idées d’organisation, et il en est un peu comme des avocats devenus juges, qui, trop habitués à ne voir les choses que par la face critique et le petit côté, ont grand’peine à prendre l’esprit large et impartial du magistrat.

Mais à des hommes nouveaux, qui ont la noble ambition d’établir un régime durable, il faut, pour être autre chose que des théoriciens, c’est-à-dire la plus dangereuse espèce d’hommes d’État, celle qui le plus sûrement, avec les convictions les plus droites et par les plus ingénieuses combinaisons, mène un pays à sa ruine, il faut l’expérience ; et c’est ici que commence l’utilité d’étudier la constitution d’un peuple qui a connu les mêmes difficultés, qui a passé par les mêmes épreuves, et qui, plus ancien que nous dans la pratique de la démocratie, n’est cependant sorti de ces dangers qu’à force de sagesse, de courage et de raison.

Les constituants de 1848 ont dédaigné l’expérience américaine ; ils ont rejeté la division du pouvoir législatif, ils ont organisé le pouvoir exécutif sur un plan qui tient à la fois de la monarchie constitutionnelle et de la république. Peut-on dire qu’ils aient mieux réussi, et les questions qu’on soulève de toutes parts ne nous