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duelle, liberté de l’industrie, du culte, de l’enseignement. L’administration, l’armée, la diplomatie, la dette, les banques, les travaux publics sont envisagés aux États-Unis d’un tout autre point de vue que le nôtre ; et les résultats, il faut l’avouer, sont en faveur du nouveau monde, bien plus que de l’ancien.

Il y a donc là, pour qui veut apprendre, une mine inépuisable d’études et de comparaisons. Quant à l’utilité présente d’un semblable enseignement, elle saute aux yeux. Pour nous, qui depuis soixante ans avons changé dix fois de gouvernement et toujours sans succès, quelle leçon vaudrait celle que nous donne une constitution qui a fermé en Amérique l’ère des révolutions au moment même où elle s’ouvrait pour nous ? Ces problèmes que nous soulevons depuis 1789 et qui, comme le rocher de Sisyphe, retombent toujours sur nos têtes, ces problèmes, les Américains les ont depuis longtemps résolus. On ne discute plus sur l’organisation du pouvoir législatif, sur l’indépendance et l’unité du pouvoir exécutif, sur le respect dû à la constitution, sur les conditions du droit de suffrage, sur l’uniformité des circonscriptions électorales ; on s’occupe incessamment d’améliorations matérielles et intellectuelles qui nous étonnent par leur grandeur. Personne ne rêve de détruire la machine politique pour la reconstruire sur un