cain. Elle s’appuya plus d’une fois sur le simple droit de découverte ; et ce fut en vertu de la reconnaissance problématique faite par les Cabot, qui n’avaient pas mis pied sur le sol américain, qu’elle attaqua nos établissements de l’Acadie et du Canada.
M. de Vergennes, dans son mémoire sur la Louisiane, œuvre patriotique, sur laquelle je reviendrai plus d’une fois[1], réfutait victorieusement ces prétentions plus que légères si la raison seule décidait entre les nations.
Quoi, disait-il, vous nous parlez du voyage de Cabot, quand ce voyage n’a pas été suivi d’un essai de prise de possession, d’une première colonisation ? Il y avait près de cinquante ans que Jacques Cartier avait, au nom de François I, pris solennellement possession du Canada, quand, sous le règne de la reine Elisabeth, on songea pour la première fois à tirer parti de la découverte de Cabot ; et, quand les émigrants de la Nouvelle-Angleterre construisirent Boston en 1630, il y avait déjà vingt-cinq ans que les Français avaient bâti Port-Royal au nord de la côte occidentale d’Acadie. Nous étions solidement établis sur le Saint-Laurent vingt ans avant qu’un émigrant anglais abordât la côte nord de l’Amérique, et nous n’aurions pas de droits sur ce pays sur lequel, avant notre occupation, pas un Européen n’avait mis le pied ; et cela sous prétexte que Cabot a suivi cette côte en 1496 !
Non, ajoutait M. de Vergennes, l’Angleterre ne saurait se faire un titre des découvertes de ce navigateur, puisque
- ↑ Mémoire historique et politique sur la Louisiane, par M. de Vergennes, ministre de Louis XVI. Paris, 1802.