Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous les historiens s’accordent sur son compte, et assurent qu’il ne débarqua, dans son voyage, nulle part sur le continent, et qu’il ne fit qu’apercevoir les côtes de Terre-Neuve.

Je ne puis m’empêcher de comparer les prétentions de l’Angleterre à celles d’un voyageur qui, dans sa route, aurait aperçu une bourse sans se donner la peine de la ramasser, et qui, apprenant ensuite qu’elle renfermait des effets précieux, et qu’un autre voyageur plus actif que lui s’en serait emparé, se croirait en droit d’en réclamer la propriété, parce qu’il l’aurait aperçue le premier[1].

L’exemple le plus remarquable de cette prétention exorbitante et celui qui en accuse le mieux l’injustice, c’est la guerre que les Anglais firent en 1664 aux Hollandais, pour leur enlever la colonie qui est aujourd’hui l’État de New-York.

À la suite de l’expédition de Henri Hudson, brave marin anglais qui, naviguant sous les ordres de la compagnie hollandaise des Indes orientales, avait découvert en 1608 et remonté la rivière à laquelle on a donné son nom, les Pays-Bas avaient entrepris un établissement dans ces belles contrées. Ainsi, au droit que leur donnait la découverte, ils joignaient un titre qui aujourd’hui nous semble bien plus respectable, l’occupation. Dès 1620, une partie du territoire était défrichée et colonisée. Les Nouveaux-Pays-Bas (la Nouvelle-Belgique, comme disaient nos pères) se développaient heureusement ; Amsterdam avait

  1. Vergennes, Mémoire sur la Louisiane, p. 64.