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Il se retira à la campagne, où il languit seize ans, avec des intervalles de lucidité et de folie ; il y mourut de la façon la plus étrange, le 23 mai 1783. Un orage venait d’éclater, Otis, à la porte de la maison, regardait le ciel ; tout à coup brille un éclair, un seul, Otis tombe foudroyé.

Telle fut la fin d’un homme que la fortune se fit un jeu de trahir. Tout lui manqua au moment où, parvenu à l’âge mûr, il pouvait arriver aux affaires et servir son pays. De plus heureux, mais non de plus dévoués, achevèrent l’œuvre qu’il avait commencée en un temps où la résistance était sans espoir ; mais l’histoire ne doit pas être ingrate envers lui, et sur ce grand édifice de la liberté américaine elle gravera au pied de la pyramide le nom du patriote et du martyr James Otis.

Otis disparu de la scène politique, quatre hommes prirent la tête du mouvement. Samuel Adams, le puritain ; John Hancock, riche marchand ; Joseph Warren, qui devait mourir, mortellement blessé à Bunkerhill, au premier engagement avec les Anglais, et John Adams, qui devait un jour être ambassadeur à Saint-James et président des États-Unis. Mais de 1770 a 1773, l’âme du mouvement, celui que les Anglais appelaient le grand incendiaire, c’est Samuel Adams. On reconnaît sa rudesse et son inflexibilité dans tous les débats et toutes les querelles de l’assemblée du Massachusetts avec le gouverneur Hutchinson.

Ces débats furent perpétuels, ou pour mieux dire le gouverneur n’y put échapper que par des prorogations successives de l’assemblée.