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En 1771, Hutchinson refuse son consentement à la loi d’impôt, parce qu’on n’en a point excepté les commissaires des douanes, qui sont des officiers royaux.

« Ce refus, dit l’assemblée, et la cause que vous en donnez a quelque chose d’étrange et d’alarmant ; vous nous parlez de commissaires des douanes de Sa Majesté, nous ne savons ce que c’est. Nous ne savons pas davantage ce que c’est que ce revenu que Sa Majesté a le droit d’établir en Amérique. Nous ne voyons dans tout cela qu’un tribut qu’on prétend extorquer à des hommes qui, s’ils ont une propriété, ont le droit absolu d’en disposer.

« Donner à des instructions royales force de loi, au mépris de la charte provinciale, ce serait réduire les représentants d’un peuple libre à l’alternative fatale ou de ne plus lever d’impôts, ou de les lever de la seule façon qui plairait aux ministres de Sa Majesté et pour le seul profit de ses créatures[1]. »

La réponse à ce fier langage fut l’ajournement de l’assemblée. Quand elle se réunit en juin 1772, Hutchinson fit connaître que le gouvernement anglais avait fixé lui-même le traitement du gouverneur : c’était 7 500 livres sterling à prendre sur le revenu américain, en dehors des votes de l’assemblée[2]. Le coup fut terrible pour les planteurs ; ils n’admettaient pas que le gouverneur ne fût pas leur officier et leur mandataire. Ils prièrent Hutchinson de recevoir son traitement d’un vote de l’assemblée, et non point des mains du gouvernement. Le gouverneur refusa.

  1. Pitkin, I, 245.
  2. Pitkin, I, 248.