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les troupes du New-Jersey voulant en faire autant, Washington s’assura des officiers et fit fusiller les chefs de la révolte.

C’est dans cette extrémité que, le 15 janvier 1781, Washington écrivit une lettre qui doit se trouver à Paris au ministère des affaires étrangères. Cette lettre était confiée à l’aide de camp de Washington, le colonel John Laurens.

Le général avait senti le besoin de s’adresser de nouveau au roi de France, car la position de l’Amérique était critique. La guerre pouvait durer indéfiniment, et il suffisait d’une affaire malheureuse pour anéantir les forces des colonies. Washington écrivit alors une lettre pressante que John Laurens devait remettre à Franklin qui devait la communiquer à son tour à Louis XVI. Sous des formes froides, mais avec une chaleur concentrée, Washington expose quelle est la situation. Le peuple a voulu la guerre, mais bientôt sont venues des misères très-grandes, aggravées par la dépression du papier-monnaie ; on souffre de toutes parts : le peuple est à se demander s’il n’a fait que changer de tyrannie ; les réquisitions l’écrasent. On paye mal les soldats ou on ne les paye pas, le mécontentement les gagne, il y a des séditions dans l’armée. La situation financière est déplorable, il n’y a pour toute ressource que des assignats sans valeur ; l’Amérique a un besoin absolu du secours de ses alliés. Ce que demande Washington au roi, ce sont deux choses : de l’argent et des troupes. De l’argent, pour rétablir le crédit ; des troupes françaises, parce que, grâce à leur discipline et à leur