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à ce que chacun croie à Dieu et à la responsabilité d’une autre vie ; mais cet intérêt ne lui donne aucun droit sur la conscience de l’individu ; il est injuste et ridicule que l’État se charge d’être religieux pour le compte des citoyens. En fait d’enseignement primaire, je conçois que l’Etat a un grand intérêt à ce qu’aucun citoyen ne soit laissé dans l’ignorance ; mais pour ce qui est d’apprendre le latin et le grec, quel besoin y a-t-il que ce soit le gouvernement qui nous l’enseigne ? Laissez les citoyens fonder eux-mêmes les collèges dont ils ont besoin, et soyez sûr que tant qu’il y aura des pères de famille qui voudront faire enseigner le latin et le grec à leurs enfants, on ne manquera pas de professeurs. De même pour l’enseignement supérieur : je suis fier de mon titre de professeur ; mais si l’enseignement s’exerçait librement, je ne crois pas qu’il dépérirait. Pour ma part, je serais heureux de vous parler ou ici, ou ailleurs, du haut d’une chaire libre.

Il en est ainsi d’une foule de choses qui n’appartiennent pas à la souveraineté. Mais remarquez : il faut faire une séparation. L’erreur est de dire : l’unité est tout, ou la liberté est tout. Tout ce qu’on donne à la liberté, on le prend au gouvernement ; tout ce qu’on donne au gouvernement, on le prend à la liberté. Nous souffrons de cette erreur depuis soixante-dix ans.

Le problème est donc d’établir une limite entre ce qui est à l’État et ce qui est au citoyen, et d’avoir tout ensemble un gouvernement fort et une liberté forte. L’erreur commune est de n’avoir pas fait cette sépara-